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Nous avons trouvé, par les rapports généraux[2], que la monarchie n’est convenable qu’aux grands États, et nous le trouvons encore en l’examinant en elle-même. Plus l’administration publique est nombreuse, plus le rapport du prince aux sujets diminue et s’approche de l’égalité, en sorte que ce rapport est un, ou l’égalité même, dans la démocratie[3]. Ce même rapport augmente à mesure que le gouvernement se resserre, et il est dans son maximum quand le gouvernement est dans les mains d’un seul. Alors il se trouve une trop grande distance entre le prince et le peuple, et l’État manque de liaison. Pour la former, il faut donc des ordres intermédiaires ; il faut des princes, des grands, de la noblesse pour les remplir [4]. Or, rien de tout

    son livre : je le crois bien, c’est elle qu’il dépeint le plus clairement. (Note de Rousseau, éd. de 1782).

    Machiavel, 1469-1527, célèbre historien et écrivain politique florentin, dont les deux principaux ouvrages sont les Discours sur Tite-Live et Le Prince. L’interprétation que donne Rousseau, dans cette note, de la doctrine « machiavélique », a été également proposée par Diderot dans l’Encyclopédie, mais elle est généralement abandonnée aujourd’hui. Rousseau vise ici notamment les Disc. sur T.-L., II, ii.

  1. son livre : je le crois bien, c’est elle qu’il dépeint le plus clairement. (Note de Rousseau, éd. de 1782).

    Machiavel, 1469-1527, célèbre historien et écrivain politique florentin, dont les deux principaux ouvrages sont les Discours sur Tite-Live et Le Prince. L’interprétation que donne Rousseau, dans cette note, de la doctrine « machiavélique », a été également proposée par Diderot dans l’Encyclopédie, mais elle est généralement abandonnée aujourd’hui. Rousseau vise ici notamment les Disc. sur T.-L., II, ii.

  2. Ci-dessus, III, iii, fin.
  3. Rapport signifie ici différence. Dans la démocratie parfaite, où chaque citoyen détient une part du pouvoir exécutif, le prince comprend autant de membres qu’il y a de sujets dans l’État : G = E, ou . Mais, dans la monarchie, où G = 1, la différence des deux termes est à son maximum.
  4. Montesquieu avait dit de même : « Les pouvoirs intermédiaires, subordonnés et dépendants, constituent la nature du gouvernement monarchique. » Espr. d. L., II, iv.