Page:Rousseau - Dictionnaire de musique, Vve Duchesne, 1768.djvu/371

Cette page n’a pas encore été corrigée

, or E. 3J3

ou Soleil ; image d’autant plus inférieure à celle que chacun fe trace en lui-niemc , que datis les objets (.liiniciiqucs il n’en coure rien à refprit d’aller au-delà du pollîble , & de fc faire des modèles au deliUs de toute imitation. De-là vient que le merveilleux , quoique déplacé dans la Tru^cdie, ne l’cft pas dans le Pocmc épique où l’imagination toujours induftiicufe & : dcpcnficre fc charge de Icxc’cution , & en tire un tout ai.tre parti que ne peut faire fur nos Tlicàtres le talent du meilleur MaehiniRe , & la magnificence du plus puiffant Roi. Quoique la Mudque prife pour un Art d’imitation ait encore plus de rapport à la Pot’fie qu’à la Peinture ; celle-ci , de la manière q.i’on 1 employé au Thcâtie, n’efl : pas aufTi fujette que la Poclie à faire avec la Mudque une double reprcfentation du mcme objet ; parce que l’une rend les fentimens des hommes, & l’autre feulement limage du lieu où ils fe trouvent, image qui renforce l’ilLfion & tranfporte le Spectateur par- tout où l’Adeur efl : fuppofé être. Mais ce tranfport d’un lieu à un autre doit avoir des règles & des bornes : il n’efl permis de fe prc’valoir à cet égard de l’agilité de l’imagination qu’en confultant la loi de la vraifemblance , & , quoique le Sptduteur ne cherche qu’à fe prêter à des fictions dont il tire tout fon plaifir , il ne faut pas abufer de fa crédulité au point de lui en faire honte. £n un mot, on doit fonger qu’on parle à des cœus fenfibles fans oublier qu’on parle à des gens raifonnables. Ce n’efl pas que je voululTe tranfporter à VOpéra cette rigoureufe unité de lieu qu’on exige dans la Tragédie , & à laquelle on ne peut gucres s’a/fervir qu’aux dépens de l’adion , de forte qu’on n’cft exaft à qjelqu.- égard que pour être abfurde à mille autres. Ce feroit d’ailleurs s orer l’avantage des changemens de Scènes , lefqueiles fe font valoir mutuellement : ce feroit s’expofer par une vicieufe uniformité à des oppofitions mal conçues entre la Scène qui refte toujours & les (ituations qui changent ; ce feroit gâter l’un par l’autre l’eflcr de la Mufi ;uc & celui de la décoration , comme de faire entendre des Symphonies voluptueufes parmi des rochers , ou des airs gais dans les Palais des Rois. C’eft donc avec raifon qu’on a lailfé fubliftcr d’Acte en A«fte les changemens de Scène , & pour qu’ils foient réguliers & adniillibles , il fuffit qu’on ait pu naturellement fe rendre du lieu d’où l’on fort aa