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aux Voix qui sont actuellement assez mal distribuées. En effet, pourquoi trois Parties dans les Voix d’hommes, & une seulement dans les Voix de femmes, si la totalité de celles-ci renferme une aussi grande étendue que la totalité des autres ? Qu’on mesure l’Intervalle des Sons les plus aigus des Voix féminines les plus aiguës aux Sons les plus graves des Voix féminines les plus graves ; qu’on faire la même chose pour les Voix d’hommes ; & non-seulement on n’y trouvera pas une différence suffisante pour établir trois Parties d’un côté & tire seule de l’autre : mais cette différence même, s’il y en a, se réduira à très-peu de chose. Pour juger sainement de cela, il ne faut pas se borner à l’examen des choses telles qu’elles sont ; mais voir encore ce qu’elles pourroient être, & considérer que l’usage contribue beaucoup à former les Voix sur le caractere qu’on veut leur donner. En France, où l’on veut des Basses, des Haute-Contres, & où l’on ne fait aucun cas des Bas-Dessus, les Voix d’hommes prennent différens caracteres, & les Voix de femmes n’en gardent qu’un seul : mais en Italie, où l’on fait autant de cas d’un beau Bas-Dessus que de la Voix la plus aiguë, il se trouvé parmi les femmes de très-belles Voix graves qu’ils appellent Contr’alti, & de très-belles Voix aiguës qu’ils appellent Soprani ; au contraire, en Voix d’hommes récitantes, ils n’ont que des Tenori : de sorte que s’il n’y a qu’un caractere de Voix de femmes dans nos Opéra, dans les leurs il n’y a qu’un caractere de Voix d’hommes.

À l’égard des Chœurs, si généralement les Parties en