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nos Chants, & nos Modes sont fondés sur notre Harmonie. Toutes les fois donc que l’Harmonie renforce ou détermine le sentiment du Mode & de la Modulation, elle ajoute à l’expression du Chant, pourvu qu’elle ne le couvre pas.

L’Art du Compositeur est donc, relativement à l’Unité de Mélodie, 1̊. Quand le Mode n’est pas assez déterminé par le Chant, de le déterminer mieux par l’Harmonie. 2º. De choisir & tourner ses Accords de maniere que le Son le plus saillant soit toujours celui qui chante, & que celui qui le fait le mieux sortir soit à la Basse. 3º. D’ajouter à l’énergie de chaque passage par des Accords durs si l’expression est dure, & doux si l’expression est douce. 4º. D’avoir égard dans la tournure de l’Accompagnement au Forte-piano de la Mélodie. 5 ?. Enfin, de faire en sorte que le Chant des autres Parties, loin de contrarier celui de la Partie principale, le soutienne, le seconde, & lui donne un plus vis accent.

M. Rameau, pour prouver que l’énergie de la Musique vient toute de l’Harmonie, donne l’exemple d’un même Intervalle qu’il appelle un même Chant, lequel prend des caracteres tout différens, selon les diverses manieres de l’accompagner. M. Rameau n’a pas vu qu’il prouvoit tout le contraire de ce qu’il vouloir prouver ; car dans tous les exemples qu’il donne, l’Accompagnement de la Basse ne sert qu’à déterminer le Chant. Un simple Intervalle n’est point un Chant, il ne devient Chant que quand il a si place assignée dans le Mode ; & la Basse, en déterminant le Mode