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cinq siecles, a pu se tromper ; il est même aisé de prouver que l’invention du Si est de beaucoup postérieure à Jean de Muris, dans les écrits duquel on ne voit rien de semblable. À l’égard de Van-der-Putten, je n’en puis rien dire, parce que je ne le connois point. Reste Le Maire, en saveur duquel les voix semblent se réunir. Si l’invention consiste à avoir introduit dans la pratique l’usage de cette syllabe Si, je ne vois, pas beaucoup de raisons pour lui en disputer l’honneur. Mais si le véritable inventeur est celui qui a vu le premier la nécessité d’une septieme syllabe, & qui en a ajouté une en conséquence, il ne faut pas avoir fait beaucoup de recherches pour voir que Le Maire ne mérite nullement ce titre : car on trouvé en plusieurs endroits des écrits du P. Mersenne la nécessité de cette septieme syllabe, pour éviter les Muances ; & il témoigne que plusieurs avoient inventé ou mis en pratique cette septieme syllabe à-peu-près dans le même tems & entr’autres Gilles Grand-Jean, Maître écrivain de Sens ; mais que les uns nommoient cette syllabe Ci, d’autres Di, d’autres Ni, d’autres Si, d’autres Za, &c. Même avant le P. Mersenne, on trouvé, dans un ouvrage de Banchiéri, Moine Olivétan, imprimé en 1614, & intitulé, Cartella di Musica, l’addition de la même septieme syllabe ; il l’appelle, Bi par Béquarre, Ba par Bémol, & il assure que cette addition a été tort approuvée à Rome. De sorte que toute la prétendue invention de Le Maire consiste, tout au plus, à écrit ou prononcé Si, au lieu d’écrire ou prononcer Bi ou Ba, Ni ou Di ; & voilà avec quoi un homme est immortalisé. Du reste, l’usage du Si n’est connu qu’en France, &