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deux Pyrriques, le premier auroit été double de l’autre en durée.

Les silences se trouvoient aussi dans le Rhythme ancien ; on pas, à la vérité, comme les nôtres, pour faire taire seulement quelqu’une des Parties, ou pour donner certains caracteres au Chant : mais seulement pour remplir la mesure de ces vers appellés Catalectiques, qui manquoient d’une syllabe : ainsi le silence ne pouvoit jamais se trouver qu’à la fin du vers pour suppléer à cette syllabe.

À l’égard des Tenues, ils les connoissoient sans doute, puisqu’ils avoient un mot pour les exprimer. La pratique en devoit cependant être fort rare parmi eux ; du moins cela peut-il s’inférer de la nature de leur Rhythme, qui n’étoit que l’expression de la Mesure & de l’Harmonie des vers. Il ne paroît pas non plus qu’ils pratiquassent les Roulades, les Syncopes, ni les Points, à moins que les Instrumens ne fissent quelque chose de semblable en accompagnant la Voix ; de quoi nous n’avons nul indice.

Vossius dans san Livré de Poematum cantu, & viribus Rhythmi, releve beaucoup le Rhythme ancien, & il lui attribue toute la forcé de l’ancienne Musique. Il dit qu’un Rhythme détaché comme le nôtre, qui ne représente aucune image des choses, ne peut avoir aucun effet, & que les anciens nombres poétiques n’avoient été inventés que pour cette fin que nous négligeons. Il ajoute que le langage & la Poésie modernes sont peu propres pour la Musique, & que nous n’aurons jamais de bonne Musique vocale jusqu’à ce que nous fassions des vers favorables pour le Chant ;