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que tout a si sort changé ; mais le fait ne laissé pas d’être très-certain.

La Musique instrumentale ayant fait un progrès étonnant depuis une quarantaine d’années, les vieilles Ouvertures faites pour des Symphonistes qui savoient peu tirer parti de leurs Instrumens, ont bientôt été laissées aux ; François, & l’on s’est d’abord contenté d’en garder à-peu-près la disposition. Les Italiens n’ont pas même tardé de s’affranchir de cette gêne, & ils distribuent aujourd’hui leurs Ouvertures d’une autre maniere. Ils débutent par un morceau saillant & vif, a deux ou à quatre tems ; puis ils donnent un Andante à demi-jeu, dans lequel ils tâchent de déployer toutes les graces, du beau Chant, & ils finissent par un brillant Allegro, ordinairement à trois Tems.

La raison qu’ils donnent de cette distribution est, que dans un Spectacle nombreux où les Spectateurs sont beaucoup de bruit, il faut d’abord les porter au silence & fixer leur attention par un début éclatant qui les frappe. Ils disent, que le grave de nos Ouvertures n’est entendu ni écouté de personne, & que notre premier coup d’archet, que nous vantons avec tant d’emphase, moins bruyant que l’Accord des Instrumens qui les précede, & avec lequel il se confond, est plus propre à préparer l’Auditeur à l’ennui qu’à l’attention. Ils ajoutent qu’après avoir rendu le Spectateur attentif, il convient de l’intéresser avec moins de bruit par un Chant agréable & flatteur qui le dispose à l’attendrissement qu’on tâchera bientôt de lui inspirer ; & de déterminer enfin l’Ouverture par un morceau d’un autre caractere, qui, tranchant