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à la Poésie. D’autres supposent que les Grecs, plus sensibles que nous par la constitution de leur climat ou par leur maniere de vivre, pouvoient être émus de choses qui ne nous auroient nullement touchés. M. Burette, même en adoptant tous ces faits, prétend qu’ils ne prouvent point la perfection de la Musique qui les a produits : il n’y voit rien que de mauvais racleurs de Village n’aient pu faire, selon lui, tout aussi-bien que les premiers Musiciens du monde.

La plupart de ces sentimens sont fondés sur la persuasion où nous sommes de l’excellence de notre Musique, & sur le mépris que nous avons pour celle des Anciens. Mais ce mépris est-il lui-même aussi-bien fondé que nous le prétendons ? C’est ce qui a été examiné bien des fois, & qui, vu I’obscurité de la matiere & l’insuffisance des juges, auroit grand besoin de l’être mieux. De tous ceux qui se sont mêlés jusqu’ici de cet examen, Vossius, dans son Traité de viribus cantûs & rhythmi, paroît être celui qui a le mieux discuté la question & le plus approché de la vérité. J’ai jetté là-dessus quelques idées dans un autre écrit non public encore, où mes idées seront mieux placées que dans cet ouvrage, qui n’est pas fait pour arrêter le Lecteur à discuter mes opinions.

On a beaucoup souhaité de voir quelques fragmens de Musique ancienne. Le P. Kircher & M. Burette ont travaillé là-dessus à contenter la curiosité du Public. Pour le mettre plus à portée de profiter de leurs soins, j’ai transcrit dans la Planche C deux morceaux de Musique Grecque, traduits