Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/364

Cette page n’a pas encore été corrigée

rien au de-là de sensible dans cet Accord ; d’où il suit que ce n’est que par le rapport des Sons & par l’analogie des Intervalles qu’on peut établir la liaison dont il s’agit, & c’est là le vrai & l’ unique principe d’où découlent toutes les loix de l’Harmonie & de la Modulation. Si donc toute l’Harmonie n’étoit formée que par une succession d’Accords parfaits majeurs, il suffiroit d’y procéder par Intervalles semblables à ceux qui composent un tel Accord ; car alors quelque Son de l’Accord précédent se prolongeant nécessairement dans le suivant, tous les Accords se trouveroient suffisamment liés & l’Harmonie seroit une, au moins en ce sens.

Mais outre que de telles successions excluroient toute Mélodie en excluant le Genre Diatonique qui en fait la base, elles n’iroient point au vrai but de l’Art, puisque la Musique, étant un discours, doit avoir comme lui ses périodes, ses phrases, ses suspensions, ses repos, sa ponctuation de toute espece, & que l’uniformité des marches Harmoniques n’offriroit rien de tout cela. Les marches Diatoniques exigeoient que les Accords majeurs & mineurs fussent entremêlés, & l’on a senti la nécessité des Dissonances pour marquer les phrases & les repos. Or, la succession liée des Accords parfaits majeurs ne donne ni l’Accord parfait mineur, ni la Dissonance, ni aucune espece de phrase, & la ponctuation s’y trouvé tout-à-fait en défaut.

M. Rameau voulant absolument, dans son Systême, tirer de la Nature toute notre Harmonie, a eu recours, pour cet effet, à une autre expérience de son invention, de laquelle j’ai parlé ci-devant, &, qui est renversée de la premiere. Il a