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rapport d’Aristide Quintilien. Il passoit pour très-ancien, & la plupart des Auteurs en attribuoient l’invention à Olympe Phrygien. Mais son Tétracorde, ou plutôt son Diatessaron de ce Genre, ne contenoit que trois cordes qui formoient entr’elles deux Intervalles incomposés ; le premier d’un semi-Ton, & l’autre d’une Tierce majeure ; & de ces deux seuls Intervalles répétés de Tétracorde en Tétracorde, résultoit alors tout le Genre Enharmonique. Ce ne fut qu’après Olympe qu’ on s’avisa d’inférer, à l’imitation des autres Genres, une quatrieme corde entre les deux premieres, pour faire la division dont je viens de parler. On en trouvera les rapports, selon les Systêmes de Ptolomée & d’Aristoxène. (Planche M. Fig. 5)

Ce Genre si merveilleux, si admire des Anciens, & selon quelques-uns, le premier trouvé des trois, ne demeura pas long-tems en vigueur. Son extrême difficulté le fit bientôt abandonner à mesure que l’Art gagnoit des combinaisons en perdant de l’énergie, & qu’on suppléoit à la finesse de l’oreille par l’agilité des doigts. Aussi Plutarque reprend-il vivement les Musiciens de son tems d’avoir perdu le plus beau des trois Genres, & d’oser dire que les Intervalles n’en sont pas, sensibles ; comme si tout ce qui échappe à leurs sens grossiers, ajoute ce Philosophe, devoit être hors de la Nature.

Nous avons aujourd’hui une sorte de Genre Enharmonique entièrement différent de celui des Grecs. Il consiste, comme les deux autres, dans une progression particuliere de l’Harmonie, qui engendre, dans la marche des Parties, des