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Les regles du Duo & en général de la Musique à deux Parties, sont les plus rigoureuses pour l’Harmonie ; on y défend plusieurs passages, plusieurs mouvemens qui seroient permis à un plus grand nombre de Parties : car tel passage ou tel Accord qui plaît à la faveur d’un troisieme ou d’un quatrieme Son, sans eux choqueroir l’oreille. D’ailleurs, on ne seroit pas pardonnable de mal choisir, n’ayant que deux Sons à prendre dans chaque Accord. Ces regles étoient encore bien plus séveres autrefois ; mais on s’est relâché sur tout cela dans ces derniers tems ou tout le monde s’est mis à composer.

On peut envisager le Duo sous deux aspects ; savoir, simplement comme un Chant à deux Parties, tel, par exemple, que le premier verset du Stabat de Pergolèse, Duo le plus parfait & le plus touchant qui soit sorti de la plume d’aucun Musicien ; ou comme partie de la Musique imitative & théâtrale, tels que sont les Duo des Scenes d’Opéra. Dans l’un & dans l’ autre cas, le Duo est de toutes les sortes de Musique celle qui demande le plus de goût, de choix, & la plus difficile à traiter sans sortir de l’unité de Mélodie. On me permettra de faire ici quelques observations sur le Duo Dramatique, dont les difficultés particulieres se joignent à celles qui sont communes à tous les Duo.

L’Auteur de la Lettre : sur l’Opéra d’Omphale a sensément remarqué que les Duo sont hors de la nature dans la Musique imitative : car rien n’est moins naturel que de voir deux personnes se parler à la fois durant un certain tems, soit pour dire la même chose, soit pour se contredire, sans