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EXTRAIT D’UNE RÉPONSE DU PETIT FAISEUR À SON PRETE-NOM.

Sur un morceau de l’Orphie de M. le Chevalier Gluck.

Quant au passage enharmonique de l’Orphie de M. Gluck, que vous me dites avoir tant de peine a entonner & même a entendre, j’en fais bien la raison : c’est que vous ne pouvez rien sans moi, & qu’en quelque genre que ce puisse être, dépourvu de mon assistance vous ne ferez jamais qu’un ignorant. Vous sentez du moins la beauté de ce passage, & c’est déjà quelque chose ; mais vous ignorez ce qui la produit ; je vais vous l’apprendre. _

C’est que du même trait, & qui plus est, du même accord, ce grand Musicien a su tirer dans toute leur force les deux effets les plus contraires ; savoir, la ravissante douceur du chant d’Orphée, & le stridor déchirant du cri des furies. Quel moyen a-t-il pris pour cela ? Un moyen très-simple ; comme sont toujours ceux qui produisent les grands effets. Si vous eussiez mieux médite l’article enharmonique que je vous dictai jadis, vous auriez compris qu’il faloit chercher cette cause remarquable, non simplement dans la nature des intervalles