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de contradictoire. Mais qu’une aliquote puisse émouvoir son tout, en lui donnant des vibrations plus lentes, & conséquemment plus sortes, *

[*Ce qui rend les vibrations plus lentes, c est, ou plus de matiere a mouvoir dans la corde, eu son plus grand écart de la ligne de repos.] qu’une force quelconque en produise une autre triple & une autre quintuple d’elle-même, c’est ce que l’observation dément, & que la raison ne peut admettre. Si l’expérience de M. Rameau est vraie, il faut nécessairement que celle de M. Sauveur soit fausse. Car, si une corde résonnante fait vibrer son triple & son quintuple, il s’ensuit que les nœuds de M. Sauveur ne pouvoient exister, que sur la résonnance d’une partie, la corde entiere ne pouvoit frémir, que les papiers blancs & rouges devoient également tomber, & qu’il faut rejetter sur ce fait ; le témoignage de toute l’Académie.

Que M. Rameau prenne la peine de nous expliquer ce que c’est qu’une corde sonore qui vibre & ne résonne pas. Voici certainement une nouvelle physique. Ce ne sont donc plus les vibrations du corps sonore qui produisent le son, nous n’avons qu’a chercher une autre cause.

Au reste, je n’accuse point ici M. Rameau de mauvaise foi ; je conjecture même comment il a pu te tromper. Premièrement, dans une expérience fine & délicate, un homme a système voit souvent ce qu’il a envie de voir. De plus, la grande corde se divisant en parties égales entr’elles & a la petite, on a vu frémir a la fois toutes ses parties, & l’on a pris cela pour le frémissement de la corde entiere : on n’a point entendu de son ; cela est encore fort naturel. Au lieu du son de la corde entiere qu’on attendoit, on n’a eu que