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devient ainsi fondamentale. Que M. Rameau prenne la peine de répondre à cette seule objection, mais qu’il y réponde clairement, & je lui donne gain de cause.

Jamais le son fondamental ni ses harmoniques, pris pour le corps sonore, ne donnent d’accord mineur ; jamais ils ne donnent la dissonance ; je parle dans le système de M. Rameau. L’harmonie & l’accompagnement sont pleins de tout cela, principalement dans sa pratique : donc l’harmonie & l’accompagnement ne peuvent représenter le corps sonore.

Il faut qu’il y ait une différence inconcevable entre la maniere de raisonner de cet Auteur & la mienne ; car voici les premieres conséquences que son principe, admis par supposition, me suggère.

Si l’accompagnement représente le corps sonore, il ne doit rendre que les sons rendus parle corps sonore. Or, ces sons ne forment que des accords parfaits. Pourquoi donc hérisser l’accompagnement de dissonances ?

Selon M. Rameau, les sons concomitans rendus par le corps sonore, se bornent a deux ; savoir la tierce-majeure & la quinte. Si l’accompagnement représente le corps sonore, il faut donc le simplifier.

L’instrument dont on accompagne, est un corps sonore lui-même, dont chaque son est toujours accompagne de ses harmoniques naturels. Si donc l’accompagnement représente le corps sonore, on ne doit frapper que des unissons ; car les harmoniques des harmoniques ne se trouvent point dans le corps sonore. En vérité, si ce principe que je combats m’etoit venu ? & que je l’eusse trouve solide, je m’en serois