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le premier vers, tandis que le sens n’est acheve qu’au second. J’avoue que le Poete eut peut-être mieux fait ce second vers, & de laisser aux Spectateurs le plaisir d’en lire le sens dans l’ame de l’Actrice ; mais puisqu’il l’a employé, c’etoit au Musicien de le rendre.

Ce fatal ennemi, ce superbe vainqueur !

Je pardonnerois peut-être au Musicien d’avoir mis ce second vers dans un autre ton que le premier, s’il se permettoit un peu plus d’en changer dans les occasions nécessaires.

Le charme du sommeil le livre a ma vengeance.

Les mots de charme & de sommeil ont été pour le Musicien un piège inévitable ; il a oublie la fureur d’Armide, pour faire ici un petit somme, dont il se réveillera au mot percer. Si vous croyez que c’est par hazard qu’il a employé des sons doux sur le premier hémistiche, vous n’avez qu’à écouter la Basse : Lully n’etoit pas homme a employer de ces dièses pour rien.

Je vais percer ton invincible cœur.

Que cette cadence finale est ridicule dans un mouvement aussi impétueux ! Que ce trille est froid & de mauvaise grace ! Qu’il est mal place sur une syllabe brève, dans un récitatif qui devroit voler, & au milieu d’un transport violent !

Par lui tous mes Captifs sont sortis d’esclavage : Qu’il éprouve toute ma rage.