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parfaitement neutre, & qui par conséquent devient tous les jours plus difficile a résoudre dans le seul pays ou elle soit en problème. Voici sur ce sujet quelques expériences que chacun est maître de versifier, & qui me paroissent pouvoir servir a cette solution, du moins quant a la mélodie, a laquelle seule se réduit presque toute la dispute.

J’ai pris dans les deux Musiques des airs également estimes chacun dans son genre, & les dépouillant les uns de leurs ports-de-voix & de leurs cadences éternelles, les autres des notes sous-entendues que le Compositeur ne se donne point la peine d’écrire, & dont il se remet à l’intelligence du Chanteur,*

[*C’est donner toute la saveur a la Musique Françoise, que de s’y prendre ainsi car ces notes, sous-entendues dans l’Italienne, ne sont pas moins de l’essence de la mélodie, que celles qui sont sur lu papier. Il s’agit moins de ce qui est écrit que de ce qui doit se chanter, & cette maniere de noter doit seulement passer pour une sorte d’abréviation, au lieu que les cadences & les ports-de-voix du chant François sont bien, si l’on veut, exiges par le goût, mais ne constituent point la mélodie, & ne sont pas de son essence ; c’est pour elle une sorte de fard qui couvre sa laideur sans la détruire, & qui ne la rend que plus ridicu1e aux oreilles sensibles.] je les ai solfies exactement sur la note, sans aucun ornement, & sans rien fournir de moi-même au sens ni a la liaison de la phrase. Je ne vous dirai point quel a été dans mon esprit le résultat de cette comparaison, parce que j’ai le droit de vous proposer mes raisons & non pas mon autorité : je vous rends compte seulement des moyens que j’ai pris pour me déterminer, afin que si vous les trouvez bons, vous puissiez les employer a votre tour. Je dois vous avertir seulement, que cette expérience demande bien plus de précautions