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la droite à la gauche, alternativement (*). Enfin ils écrivirent, comme nous faisons aujourd’hui, en recommençant toutes les lignes de gauche à droite. Ce progrès n’a rien que de naturel : l’écriture par sillons est, sans contredit, la plus commode à lire. Je suis même étonné qu’elle ne se soit pas établie avec l’impression ; mais étant difficile à écrire à la main, elle dut s’abolir quand les manuscrits se multiplierent.

Mais, bien que l’alphabet grec vienne de l’alphabet phénicien, il ne s’ensuit point que la langue grecque vienne de la phénicienne. Une de ces propositions ne tient point à l’autre, & il paroît que la langue grecque étoit déjà fort ancienne, que l’art d’écrire étoit récent & même imparfoit chez les Grecs. Jusqu’au siège de Troie, ils n’eurent que seize lettres, si toutefois ils les eurent. On dit que Palamède en ajouta quatre, & Simonide les quatre autres. Tout cela est pris d’un peu loin. Au contraire le latin, langue plus moderne, eut, presque dès sa naissance, un alphabet complet, dont cependant les premiers Romains ne se servoient gueres, puisqu’ils commencerent si tard d’écrire leur histoire, & que les lustres ne se marquoient qu’avec des clous.

Du reste il n’y a pas une quantité de lettres ou élémens de la parole absolument déterminée ; les uns en ont plus, les autres moins, selon les langues & selon les diverses modifications qu’on donne aux voix & aux consonnes. Ceux qui ne comptent que cinq voyelles se trompent fort : les Grecs en


V. Pausanias, Arcad. Les Latins, dans les commencemens, écrivirent de même ; et de là, selon Marius Victorinus, est venu le mot de versus.