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causes de ces différences, il faudroit entrer pour cela dans détail dont mon sujet me dispense, & qu’on trouvera suffisamment expliqué dans les ouvrages de Monsieur Rameau. Je me contenterai de dire ici en général que, comme il à fallu pour éviter de multiplier les sons, faire servir les mêmes à plusieurs usages, on n’à pu y réussir qu’en les altérant un peu, ce qui fait qu’eu égard à leurs différens rapports, ils perdent quelque chose de la justesse qu’ils devroient avoir. Le mi, par exemple, considère comme tierce majeure d’ut, n’est point, à la rigueur, le même mi qui doit faire la quinte du la ; la différence est petite, à la vérité, mais enfin elle existe, & pour la faire évanouir il a fallu tempérer un peu cette quinte : par ce moyen on n’à employé que le même son pour ces deux usages : mais de-là vient aussi que le ton du re au mi n’est pas de la même espece que celui de l’ut ou re, & ainsi des autres.

On pourroit donc me reprocher que j’anéantis ces différences par mes nouveaux signes, & que, par-la même, je détruis cette variété d’expression si avantageuse dans la Musique. J’ai bien des choses à répondre à tout cela.

En premier lieu ; le tempérament est un vrai défaut ; c’est une altération que l’art à causée à l’harmonie, faute d’avoir pu mieux faire. Les harmoniques d’une corde ne nous donnent point de quinte tempérée, & la mécanique du tempérament introduit dans la modulation des tons si durs, par exemple, le re & le sol dièses, qu’ils ne sont pas supportables à l’oreille. Ce ne seroit donc pas une faute que d’éviter ce défaut, & sur-tout dans les caracteres de la Musique, qui, ne participant