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en G re sol ? Il n’est pas possible d’attribuer cette différence au changement de fondamentale ; puisque, comme je l’ai dit, chacune de ces fondamentales, prise séparément, n’à rien. en elle qui puisse exciter d’autre sentiment que celui du son haut ou bas qu’elle fait entendre : ce n’est point proprement par les sons que nous sommes touches : c’est par les rapports qu’ils ont entre eux, & c’est uniquement par le choix de ces rapports charmans, qu’une belle composition peut émouvoir le cœur en flattant l’oreille. Or, si le rapport d’un ut à un sol, ou d’un re à un la est le même dans tous les tons, pourquoi produit-il différens effets ?

Peut-être trouveroit-on des Musiciens embarrasses d’en expliquer la raison ; & elle seroit, en effet, très-inexplicable, si l’on admettoit à la rigueur cette identité de rapport dans les sons exprimes par les mêmes noms & représentes par les intervalles sur tous les tons.

Mais ces rapports ont entre eux de légères différences, suivant les cordes sur lesquelles ils sont pris, & ce sont ces différences, si petites en apparence, qui causent dans la Musique cette variété d’expressions sensible à toute oreille délicate, & sensible à tel point, qu’il est peu de Musicien, qui en écoutant un concert, ne connoisse en quel ton l’on exécute actuellement.

Comparons, par exemple, le C sol ut mineur, & le D la re. Voilà deux modes mineurs desquels tous les sons sont exprimes par les mêmes intervalles & par les mêmes noms, chacun relativement à sa tonique : cependant l’affection n’est point la même, & il est incontestable que le C sol ut est plus touchant que le D la re. Pour en trouver la raison, il faut