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lignes, des clefs, des dièse, & d’autres signes nécessaires autant & plus menus que les chiffres, c’est par ces signes-là, & non par la grosseur des notes, qu’il faut déterminer le point-de-vue.

En seconde lieu ; Gui ne devoit pas faire sonner si haut l’irréalité de la position des notes : puisque, sans parler de cette foule d’inconvéniens dont elle est la cause, l’avantage qu’elle procure se trouve déjà tout entier dans la Musique naturelle : c’est-a-dire, dans la Musique par chiffres ; on y voit du premier coup-d’œil, de même qu’à l’autre, si un son est plus haut ou plus bas que celui qui le précédé ou que celui qui le suit, avec cette différence seulement que dans la méthode des chiffres, l’intervalle, ou le rapport des deux sons qui le composent, est précisément connu par la seule inspection ; au lieu que dans la Musique ordinaire vous connoissez à l’œil qu’il faut monter ou descendre, & vous ne connoissez rien de plus.

On ne sauroit croire quelle application, quelle persévérance, quelle adroite mécanique est nécessaire dans le système établi, pour acquérir passablement la science des intervalles & des rapports : c’est l’ouvrage pénible d’une habitude toujours trop longue & jamais assez étendue, puisqu’après une pratique de quinze & vingt ans, le Musicien trouve encore des sauts qui non-seulement quant à l’intonation, mais encore quant à la connoissance de l’intervalle, sur-tout, lorsqu’il est question de sauter d’une clef à l’autre. Cet article mérite d’être & j’en parlerai plus au long.

Le système de Gui est tout-a-fait comparable, quant à son idée, à celui d’un homme qui, ayant fait réflexion que les