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celles des sons. Le passage du mi au fa, ou du si a l’ut excite naturellement dans l’esprit du Musicien l’idée, du demi-ton. Cependant si l’on est dans le ton de si ou dans celui de mi, l’intervalle du si à l’ut, ou du mi au fa est toujours d’un ton & jamais d’un demi-ton. Donc au lieu de conserver des noms qui trompent l’esprit & qui choquent l’oreille exercée par une différente habitude, il est important de leur en appliquer d’autres dont le sens connu, au lieu d’être contradictoire, annonce les intervalles qu’ils doivent exprimer. Or, tous les rapports des sons du système diatonique se trouvent exprimes dans le majeur, tant en montant qu’en descendant, dans l’Octave comprise entre deux ut, suivant l’ordre naturel, & dans le mineur, dans l’Octave comprise entre deux la, suivant le même ordre en descendant seulement. Car, en montant, le mode mineur est assujetti a des affections différentes qui présentent de nouvelles réflexions pour la théorie, lesquelles ne sont pas aujourd’hui de mon sujet, & qui ne sont rien au système que je propose.

J’en appelle a l’expérience sur la peine qu’ont les écoliers à entonner par les noms primitifs des airs qu’ils chantent avec toute la facilite du monde, au moyen de la transposition, pourvu toujours qu’ils aient acquis la longue & nécessaire habitude de lire les bémols & les dièses des clefs qui sont avec leurs huit positions, quatre-vingt combinaisons inutiles & toutes retranchées par ma méthode.

Il s’ensuit de-là, que les principes qu’on donne pour jouer des instrumens, ne valent rien du tout, & je suis sur qu’il n’y a pas un bon Musicien qui, après avoir prélude dans le