Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/264

Cette page n’a pas encore été corrigée


Des défauts sur ton visage,
Qui me sembloient des beautés.
Lorsque je brisai ma chaîne,
Dieux, que j’éprouvai de peine !
Hélas ! je crus en mourir :
Mais quand on a du courage,
Pour se tirer d’esclavage
Que ne peut-on point souffrir ?
Ainsi du piege perfide,
Un oiseau simple & timide
Avec effort échappe,
Au prix des plumes qu’il laisse,
Prend des leçons de sagesse,
Pour n’être plus attrape.
Tu crois que mon cœur t’adore,
Voyant que je parle encore
Des soupirs que j’ai pousses ;
Mais tel au port qu’il désire
Le Nocher aime à redire
Les périls qu’il a passes.
Le guerrier couvert de gloire,
Se plaît, après la victoire,
A raconter ses exploits ;
Et l’esclave, exempt de peine,
Montre avec plaisir la chaîne
Qu’il a traînée autrefois.
Je m’exprime sans contrainte ;
Je ne parle point par feinte,