Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/103

Cette page n’a pas encore été corrigée

tune ;

Mais trop de confiance en fait manquer plus d'une,

Vous le savez fort bien.

DORANTE.

Je suis sûr de mon fait, 70 Isabelle en tous lieux me fuit.

CARLIN.

Mais en effet,

C'est de sa tendre ardeur une preuve constante !

DORANTE.

Écoute jusqu'au bout. Cette veuve charmante

À la fin de son deuil, déclara sans retour

Que son coeur pour jamais renonçait à l'amour. 75 Presque dès ce moment mon âme en fut touchée,

Je la vis, je l'aimai ; mais toujours attachée

Au voeu qu'elle avait fait, je sentis qu'il faudrait

Ménager son esprit par un détour adroit :

Je feignis pour l'hymen beaucoup d'antipathie, 80 Et, réglant mes discours sur sa philosophie,

Sous le tranquille nom d'une douce amitié,

Dans ses amusements je fus mis de moitié.

CARLIN.

Peste ! Ceci va bien. En amusant les belles [ 3 ]

On vient au sérieux. Il faut rire auprès d'elles ; 85 Ce qu'on fait en riant est autant d'avancé.

DORANTE.

Dans ces ménagements plus d'un an s'est passée