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ſtyles portés ſur un fruit nud diſperme, c’eſt-à-dire, compoſé de deux graines accolées.

Toutes les fois que vous trouverez ces caracteres réunis dans une fructification, comptez que la plante eſt une ombelliferes, quand même elle n’auroit d’ailleurs dans ſon arrangement rien de l’ordre ci-devant marqué. Et quand vous trouveriez tout cet ordre de paraſols conforme à ma deſcription, comptez qu’il vous trompe, s’il eſt démenti par l’examen de la fleur.

S’il arrivoit, par exemple, qu’en ſortant de lire ma Lettre vous trouvaſſiez en vous promenant un Sureau encore en fleurs, je ſuis preſque aſſuré qu’au premier aſpect vous diriez, voilà une ombelliferes. En y retardant, vous trouveriez grande ombelle, petite ombelle, petites fleurs blanches, corolle ſupere, cinq étamines : c’eſt une ombelliferes aſſurément ; mais voyons encore : je prends une fleur.

D’abord, au lieu de cinq pétales, je trouve une corolle à cinq diviſions, il eſt vrai, mais néanmoins d’une ſeule piece. Or les fleurs des ombelliferes ne ſont pas monopétales. Voilà bien cinq étamines, mais je ne vois point de ſtyles, &, je vois plus souvent trois ſtigmates que deux, plus ſouvent trois graines que deux. Or les ombelliferes n’ont jamais ni plus ni moins de deux ſtigmates, ni plus ni moins de deux graines pour chaque fleur. Enfin le fruit du Sureau eſt une baye molle, & celui des ombelliferes eſt ſec & nud. Le Sureau n’eſt donc pas une ombelliferes.

Si vous revenez maintenant ſur vos pas en regardant de plus près à la diſpoſition des fleurs, vous verrez que cette