Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/561

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

polypétale. J’aurois dû commencer peut-être par les monopétales régulieres dont la ſtructure eſt beaucoup plus ſimple : cette grande ſimplicité même eſt ce qui m’en a empêché. Les monpétales régulieres conſtituent moins une famille qu’une grande nation dans laquelle on compte pluſieurs familles bien diſtinctes ; en ſorte que pour les comprendre toutes ſous une indication commune, il faut employer des caracteres ſi généraux & ſi vagues que c’eſt paroître dire quelque choſe, en ne diſant en effet preſque rien du tout. Il vaux mieux ſe renfermer dans des bornes plus étroites, mais qu’on puiſſe aſſigner avec plus de préciſion.

Parmi les monopétales irrégulieres, il y a une famille dont la phyſionomie eſt ſi marquée qu’on en diſtingue aiſément les membres à leur air. C’eſt celle à laquelle on donne le nom de fleurs en gueule, parce que ces fleurs ſont fendues en deux levres dont l’ouverture, ſoit naturelle, ſoit produite par une légere compreſſion des doigts, leur donne l’air d’une gueule béante. Cette famille ſe ſubdiviſe en deux ſections ou lignées. L’une des fleurs en levres ou labiées, l’autre des fleurs en maſque ou perſonnées : car le mot latin perſona ſignifie un maſque, nom très-convenable aſſurément à la plupart des gens qui portent parmi nous celui de perſonnes. Le caractere commun à toute la famille eſt non-ſeulement d’avoir la corolle monopétale, &, comme je l’ai dit, fendue en deux levres ou babines, l’une ſupérieure appelée caſque, l’autre inférieure appelée barbe, mais d’avoir quatre étamines preſque ſur un même rang diſtinguées en deux paires, l’une plus longue & l’autre plus courte. L’inſpection de l’objet vous expliquera mieux ces caracteres que ne peut faire le diſcours.