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t-on ; ſoit. Mais il n’en a pas moins réſulté que ſi l’on connoiſſoit fort bien les remedes, on ne laiſſoit pas de connoître fort mal les plantes ; & c’eſt tout ce que j’avance ici.

La Botanique n’étoit rien, il n’y avoit point d’étude de la Botanique, & ceux qui ſe piquoient le plus connoître les plantes n’avoient aucune idée, ni de leur ſtructure, ni de l’économie végétal. Chacun connoiſſoit de vue cinq ou six plantes de ſon canton auxquelles il donnoit des noms au hazard enrichis de vertus merveilleuſes qu’il lui plaiſoit de leur ſuppoſer, & chacune de ces plantes changée en panacée univerſelle ſuffiſoit ſeule pour immortaliſer tout le genre-humain. Ces plantes transformées en beaume & en en emplâtres diſparoiſſoient promptement, & faiſoient bientôt place à d’autres auxquelles de nouveaux venus, pour ſe diſtinguer, attribuoient les mêmes effets. Tantôt c’étoit une plante nouvelle qu’on décoroit d’anciennes vertus, & tantôt d’anciennes plantes propoſées ſous de nouveaux noms ſuffiſoient pour enrichir de nouveaux charlatans. Ces plantes avoient des noms vulgaires différens dans chaque canton, & ceux qui les indiquoient pour leurs drogues, ne leur donnoient que des noms connus tout au plus dans le lieu qu’ils habitoient ; & quand leurs récipés couroient dans d’autres pays on ne ſavoit plus de quelle