Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/461

Cette page n’a pas encore été corrigée

La foule s’écarte & Clorinde en considérant de près les deux victimes attachées ensemble, remarque le silence de l’une & les gémissemens de l’autre. Le sexe le plus foible montre en cette occasion plus de fermeté, & tandis qu’Olinde pleure de pitié plutôt que de crainte, Sophronie se tait, & les yeux fixés vers le Ciel semble avoir déjà quitté le séjour terrestre.

Clorinde encore plus touchée du tranquille silence de l’une que des douloureuses plaintes de l’autre, s’attendrit sur leur fort jusqu’aux larmes ; puis se tournant vers un vieillard qu’elle apperçut auprès d’elle ; dites-moi, je vous prie, lui demanda-t-elle, qui sont ces jeunes gens, & pour quel crime ou par quel malheur ils souffrent un pareil supplice ?

Le vieillard en peu de mots ayant pleinement satisfait y sa demande, elle fut frappée d’étonnement, & jugeant bien que tous deux étoient innocens, elle résolut, autant que le pourroit sa priere ou tes armes, de les garantir de la mort. Elle s’approche, en faisant retirer la flamme pré te à les atteindre ; elle parle ainsi à ceux qui l’attisoient.