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ſelon la diſpoſition naturelle aux hommes de ſeconder avec courage les entrepriſes qu’ils n’oſent commencer. Mais l’émotion n’étoit pas la même dans toutes les Légions. Il régnoit un ſi grand trouble dans la premiere & dans la cinquieme, que quelques-uns jetterent des pierres aux images de Galba. La quinzieme & la ſeizieme, ſans aller au-delà du murmure & des menaces, cherchoient le moment de commencer la révolte. Dans l’armée ſupérieure la quatrieme & la vingt-deuxieme Légion, allant occuper les mêmes quartiers, briſerent les images de Galba ce même premier de Janvier, la quatrieme ſans balancer, la vingt-deuxieme ayant d’abord héſité ſe détermina de même : mais pour ne pas paroître avilir la majeſté de l’Empire, elles jurerent au nom du Sénat & du Peuple Romain, mots ſurannés depuis long-tems. On ne vit ni Généraux ni Officiers faire le moindre mouvement en faveur de Galba ; pluſieurs même, dans le tumulte, cherchoient à l’augmenter, quoique jamais de deſſus le Tribunal ni par de publiques harangues ; de ſorte que juſques-là on n’auroit ſu à qui s’en prendre.

Le Proconſul Hordéonius, ſimple ſpectateur de la révolte, n’oſa faire le moindre effort pour réprimer les ſéditieux, contenir ceux qui flottoient, ou ranimer les fideles : négligent & craintif, il fut clément par lâcheté. Nonius Receptus, Donatius Valens, Romilius Marcellus, Calpurnius Repentinus, tous quatre Centurions de la vingt-deuxieme Légion, ayant voulu défendre les images de Galba, les soldats ſe jetterent ſur eux & les lierent. Après cela, il ne fut plus queſtion de