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gerent d’objet dès le même jour, mais par l’uſage établi d’enivrer chaque Prince d’acclamations effrénées & de vaines flatteries.

Cependant Galba flottoit entre deux avis : celui de Vinius étoit qu’il faloit armer les eſclaves, rester dans le Palais, & en barricader les avenues ; qu’au lieu de s’offrir à des gens échauffés, on devoit laiſſer le tems aux révoltés de ſe repentir & aux fideles de ſe raſſurer ; que ſi la promptitude convient aux forfaits, le tems favoriſe les bons deſſeins, qu’enfin l’on auroit toujours la même liberté d’aller s’il étoit néceſſaire, mais qu’on n’étoit pas sûr d’avoir celle du retour au beſoin.

Les autres jugeoient qu’en ſe hâtant de prévenir le progrès d’une ſédition foible encore & peu nombreuſe on épouvanteroit Othon même, qui, s’étant livré furtivement à des inconnus profiteroit, pour apprendre à repréſenter, de tout le tems qu’on perdroit dans une lâche indolence. Faloit-il attendre qu’ayant pacifié le Camp il vînt s’emparer de la place & monter au Capitole aux yeux même de Galba, tandis qu’un ſi grand Capitaine & ſes braves amis renfermés dans les portes & le ſeuil du Palais l’inviteroient pour ainſi dire à les aſſiéger ? Quel ſecours pouvoit-on se promettre des eſclaves ſi on laiſſoit refroidir la faveur de la multitude & ſa premiere indignation plus puiſſante que tout le reſte ? D’ailleurs, diſoient-ils le parti le moins honnête eſt auſſi le moins sûr, & dût-on ſuccomber au péril, il vaut encore mieux l’aller chercher ;