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ne prenoient aucun intérêt à Capiton ne laiſſoient pas de murmurer de ſa mort. Enfin Verginius ayant été rappellé ſous un faux-semblant d’amitié, les Troupes privées de leur chef, le voyant retenu & accuſé, s’en offenſoient comme accuſation tacite contre elles-mêmes.

Dans la haute Allemagne Flaccus, vieillard infirme, qui pouvoit à peine ſe ſoutenir, & qui n’avoit ni autorité ni fermeté, étoit mépriſé de l’armée qu’il commandoit, & ſes ſoldats qu’il ne pouvoit contenir même en plein repos, animés par sa foiblesse ne connoiſſoient plus de frein. Les Légions de la baſſe Allemagne reſterent long-tems ſans chef conſulaire ; enfin Galba leur donna Vitellius dont le Pere avoit été Censeur & trois fois Conſul ; ce qui parut ſuffiſant. Le calme régnoit dans l’armée d’Angleterre, & parmi tous ces mouvemens de guerres civiles les Légions qui la compoſoient furent celles qui ſe comporterent le mieux, soit à cauſe de leur éloignement & de la mer qui les enfermoit, ſoit que leurs fréquentes expéditions leur appriſſent à ne haïr que l’ennemi. L’Illyrie n’étoit pas moins paiſible, quoique ſes Légions appellées par Néron euſſent durant leur ſéjour en Italie envoyé des députés à Verginius. Mais ces armées trop ſéparées pour unir leurs forces & mêler leurs vices, furent par ce ſalutaire moyen maintenues dans leur devoir.

Rien ne remuoit encore en Orient. Mucianus, homme également célebre dans les ſuccès & dans les revers, tenoit la Syrie avec quatre Légions. Ambitieux dès ſa jeuneſſe,