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du mal aux ignorans, parce que son Fermier de Picardie, qui n’est pas un Docteur, le paye exactement, à la vérité, mais ne lui donne pas assez d’argent de sa terre ? L’Auteur est si occupe de ses terres, qu’il me parle même de la mienne. Une terre à moi ! la terre de Jean-Jaques Rousseau ! en vérité je lui conseille de me calomnier * un mot de Ciceron, soit : que j’aye fait des solécismes, à la bonne heure ; que je cultive les Belles-Lettres & la Musique, malgré le mal que j’en pense ; j’en conviendrai


[*Si l’Auteur me fait l’honneur de réfuter cette Lettre, il ne faut pas douter qu’il ne me prouve une belle & docte démonstration, soutenue de très-graves autorités, que ce n’est point un crime d’avoir une terre : en effet, il se peut que ce n’en soit pas un pour d’autres, mais c’en seroit un pour moi] plus adroitement.

Si j’avois à répondre à quelque partie de la réfutation, ce seroit aux personnalités dont cette critique est remplie ; mais comme elles ne sont rien à la question, je ne m’écarterai point de la constante maxime que j’ai toujours suivie de me refermer dans le sujet que je traite, sans y mêler rien de personnel : le véritable respect qu’on doit au Public, est de lui épargner, non de tristes vérités qui peuvent lui être utiles, mais bien toutes les petites hargneries d’Auteurs *

[* On peut voir dans le Discours de Lyon un très-beau modele de la maniere dont il convient aux Philosophes d’attaquer & de combattre sans personnalités & sans invectives. Je me flatte qu’on trouvera aussi dans ma réponse, qui est sous presse, un exemple de la maniere dont on peut défendre ce qu’on croit vrai, avec la force dont on est capable, sans aigreur contre ceux qui l’attaquent.] dont on remplit les Ecrits polémiques, & qui ne sont bonnes qu’a satisfaire une honteuse animosité. On veut que j’aye pris dans Clenard *

[*Si je disois qu’une si bizarre citation vient à coup sur de quelqu’un