Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/129

Cette page n’a pas encore été corrigée

resulteroit que du biens ; j’en dis autant des grands hommes, qui sont faits pour guider les autres. Socrate savant & vertueux fut l’honneur de l’humanité : mais les vices des hommes vulgaires empoisonnent les plus sublimes connoissiances de les rendent pernicieuses aux Nations ; les mechans en tirent beaucoup de choses nuisibles ; les bons en tirent peu d’avantage. Si nul autre que Socrate ne se fut pique de Philosophie à Athenes, le sang d’un juste n’eut point crie vengeance contre la patrie des Sciences & des Arts.*

[* Il en a coûté la vie à Socrate pour avoir dit précisément les mêmes choses que moi. Dans le procès qui lui fut intente, l’un de ses accusateurs plaidoit pour les Artistes, l’autre pour les Orateurs, le troisieme pour les Poetes, tous pour la prétendue cause des Dieux. Les Poètes, les Artistes, les Fanatiques, les Rhéteurs triompherent ; & Socrate périt. J’ai biens peur d’avoir fait trop d’honneur à mon siecle en avançant que Socrate n’y eut point bu la ciguË. On remarquera que je disois cela des l’année 1752.]

C’est une question à examiner, s’il seroit avantageux aux hommes d’avoir de la science, en supposant que ce qu’ils appellent de ce nom le méritât en effet : mais c’est une folie de prétendre que les chimères de la Philosophie, les erreurs &