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nos sentimens, ils ont pour tout mérite ce tour facile qu’on n’a pas grand’peine à donner à des riens. Ces foules d’ouvrages éphémeres qui naissent journellement n’étant faits que pour amuser des femmes, & n’ayant ni force ni profondeur, volent tous de la toilette au comptoir. C’est le moyen de récrire incessamment les mêmes, & de les rendre toujours nouveaux. On m’en citera deux ou trois qui serviront d’exceptions. ; mais moi j’en citerai cent mille qui confirmeront la regle. C’est : pour cela que la plupart des productions de notre âge passeront avec lui, & la postérité croira qu’on fit bien peu de livres, dans ce même siecle où l’on en fait tant.

Il ne seroit pas difficile de montrer qu’au lieu de gagner à ces usages, les femmes y perdent. On les flatte sans les aimer ; on les sert sans les honorer ; elles sont entourées d’agréables, mais elles n’ont plus d’amans ; & le pis est que les premiers, sans avoir les sentimens des autres, n’en usurpent pas moins tous les droits. La société des