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applicable à ma supposition, forme une induction toute en ma faveur ; elle confirme ce que j’ai dit moi-même, que tout philosophe qui ne croit pas, a tort, parce qu’il use mal de la raison qu’il a cultivée, & qu’il est en etat d’entendre les vérités qu’il rejette ;*

[* Emile, Tome I. p. 453. In 4.Tome II. p. 299. In-8, & in-12.] elle montre, enfin, par le passage même, que vous ne m’avez point entendu : & quand vous m’imputez d’avoir dit ce que je n’ai dit ni pensé, savoir que l’on ne croit en Dieu que sur l’autorité d’autrui,*

[*M. de Beaumont ne dit pas cela en propres termes ; mais c’est le seul sens raisonnable qu’on puisse donner à son texte, appuyé du passage de Saint Paul ; & je ne puis répondre qu’a ce que j’entends. (Voy son Mandement, XI.] vous avez tellement tort, qu’au contraire je n’ai fait que distinguer les cas où l’on peut connoître Dieu par soi-même, & les cas où l’on ne le peut que par le secours d’autrui.

Au reste, quand vous auriez raison dans cette critique, quand vous auriez solidement réfuté mon opinion, il ne s’en suivroit pas de cela seul qu’elle fût souverainement absurde, comme il vous plaît de la qualifier : on peut se tromper sans tomber dans l’extravagance, & toute erreur n’est pas une absurdité. Mon respect pour vous me rendra moins prodigue d’épithetes, & ce ne sera pas ma faute si le Lecteur trouve à les placer.

Toujours avec l’arrangement de censurer sans entendre, vous passez d’une imputation grave & fausse à une autre qui l’est encore plus ; & après m’avoir injustement accusé de nier l’évidence de la divinité, vous m’accusez plus injustement d’en avoir révoqué l’unité en doute. Vous faites