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à la perte de cette malheureuse ville. On conçoit à peine comment un Etat déjà formé eût pu échapper à tous ces périls. Non-seulement Geneve en échappe, mais c’est durant ces crises terribles que se consomme le grand Ouvrage de sa Législation. Ce fut par ses fréquens Conseils généraux,*

[*Comme on les assembloit alors dans tous les cas ardus, selon les Edits, & que ces cas ardus revenoient très-souvent dans ces tems orageux, le Conseil général étoit alors plus fréquemment convoqué que n’est aujourd’hui le Deux-Cent. Qu’on en juge par une seule époque. Durant les huit premiers mois de l’année 1540, il se tint dix-huit Conseils généraux, & cette année n’eut rien de plus extraordinaire que celles qui avoient précédé & que celles qui suivirent.] ce fut par la prudence & la fermeté que ses Citoyens y portèrent, qu’ils vainquirent enfin tous les obstacles, & rendirent leur Ville libre & tranquille, de sujette & déchirée qu’elle étoit auparavant ; ce fut après avoir tout mis en ordre au-dedans, qu’ils se virent en état de faire au-dehors la guerre avec gloire. Alors le Conseil Souverain avoit fini ses fonctions, c’étoit au Gouvernement de faire les siennes : il ne restoit plus aux Genevois qu’à défendre la liberté qu’ils venoient d’établir, & à se montrer aussi braves soldats en campagne qu’ils s’étoient montrés dignes Citoyens au Conseil : c’est ce qu’ils firent. Vos annales attestent par-tout l’utilité des Conseils généraux ; vos Messieurs n’y voient que des maux effroyables. Ils font l’objection, mais l’histoire la résout.

4. Celle de s’exposer aux saillies du Peuple, quand on avoisine de grandes Puissances, se résout de même. Je ne sache point en ceci de meilleure réponse à des sophismes, que des faits constans. Toutes les résolutions des Conseils généraux