Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/368

Cette page n’a pas encore été corrigée

car la convocation d’un Conseil général seroit inutile & ridicule lorsqu’on n’auroit rien à y porter ; & il y a grande apparence que c’est ainsi que se perdit l’usage des Conseils généraux périodiques au seizieme siecle, comme il a été dit ci-devant.

Ce fut dans la vue que je viens d’exposer, qu’on les rétablit en 1707, & cette vieille question renouvelée aujourd’hui fut décidée alors par le fait même des trois Conseils généraux consécutifs, au dernier desquels passa l’article concernant le droit de Représentation. Ce droit n’étoit pas contesté, mais éludé : les Magistrats n’osoient disconvenir que lorsqu’ils refusoient de satisfaire aux plaintes de la Bourgeoisie, la question ne dût être portée en Conseil général ; mais comme il appartient à eux seuls de le convoquer, ils prétendoient sous ce prétexte, pouvoir en différer la tenue à leur volonté, & comptoient lasser, à force de délais, la constance de la Bourgeoisie. Toutefois son droit fut enfin si bien reconnu, qu’on fit, dès le 9 Avril, convoquer l’assemblée générale pour le 5 Mai, afin, dit le Placard, de lever, par ce moyen, les insinuations qui ont été répandues, que la convocation en pourroit être éludée & renvoyée encore loin.

Et qu’on ne dise pas que cette convocation fut forcée par quelque acte de violence ou par quelque tumulte tendant à sédition, puisque tout se traitoit alors par députation, comme le Conseil l’avoit désiré, & que jamais les Citoyens & Bourgeois ne furent plus paisibles dans leurs assemblées, évitant de les faire trop nombreuses & de leur donner un air imposant. Ils pousserent même si loin la décence, & j’ose dire la