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d’Angleterre ; & toutefois dans ce Corps composé de plus de sept cents membres, où se traitent de si grandes affaires, où tant d’intérêts se croisent, où tant de cabales se forment, où tant de têtes s’échauffent, où chaque membre a le droit de parler, tout se fait, tout s’expédie, cette grande Monarchie va son train : & chez vous où les intérêts sont si simples, si peu compliqués, où l’on n’a, pour ainsi dire, à régler que les affaires d’une famille, on vous fait peur des orages comme si tout alloit renverser ! Monsieur, la police de votre Conseil général est la chose du monde la plus facile ; qu’on veuille sincèrement l’établir pour le bien public, alors tout y sera libre, & tout s’y passera plus tranquillement qu’aujourd’hui.

Supposons que dans le Règlement on eût pris la méthode opposée à celle qu’on a suivie ; qu’au lieu de fixer les Droits du Conseil général on eût fixé ceux des autres Conseils, ce qui par là même eût montré les siens ; convenez qu’on eût trouvé dans le seul petit Conseil un assemblage de pouvoirs bien étrange pour un Etat libre & démocratique, dans des chefs que le peuple ne choisit point & qui restent en place toute leur vie.

D’abord l’union de deux choses par-tout ailleurs incompatibles : savoir l’administration des affaires de l’Etat, & l’exercice suprême de la justice sur les biens, la vie & l’honneur des Citoyens.

Un Ordre, le dernier de tous par son rang & le premier par sa puissance.

Un Conseil inférieur, sans lequel tout est mort dans la