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de votre caractere. Et que vous avois-je donc fait, moi qui parlai toujours de vous avec tant d’estime ; moi qui tant de fois admirai votre inébranlable fermeté, en déplorant, il est vrai, l’usage que vos préjugés vous en faisoient faire ; moi qui toujours honorai vos mœurs, qui toujours respectai vos vertus, & qui les respecte encore, aujourd’hui que vous m’avez déchiré ?

C’est ainsi qu’on se tire d’affaire quand on veut quereller & qu’on a tort. Ne pouvant résoudre mes objections, vous m’en avez fait des crimes : vous avez cru m’avilir en me maltraitant, & vous vous êtes trompé ; sans affoiblir mes raisons, vous avez intéressé les cœurs généreux à mes disgraces ; vous avez fait croire aux gens sensés qu’on pouvoit ne pas bien juger du livre, quand on jugeoit si mal de l’auteur.

Monseigneur, vous n’avez été pour moi ni humain ni généreux ; & non-seulement, vous pouviez l’être sans m’épargner aucune des choses que vous avez dites contre mon ouvrage, mais elles n’en auroient fait que mieux leur effet. J’avoue aussi que je n’avois pas droit d’exiger de vous ces vertus, ni lieu de les attendre d’un homme d’Eglise. Voyons si vous avez été du moins équitable & juste ; car c’est un devoir étroit imposé à tous les hommes, & les saints mêmes n’en sont pas dispensés.

Vous avez deux objets dans votre Mandement : l’un, de censurer mon Livre ; l’autre, de décrier ma personne. Je croirai vous avoir bien répondu, si je prouve que par-tout où vous m’avez réfuté, vous avez mal raisonné, & que