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que ma raison me trompe, n’est-ce pas réfuter ce qu’elle m’aura dit pour vous ? Quiconque veut récuser la raison doit convaincre sans se servir d’elle. Car, supposons qu’en raisonnant vous m’ayez convaincu ; comment saurai-je si ce n’est point ma raison corrompue par le péché qui me fait acquiescer à ce que vous me lites ? D’ailleurs, quelle preuve, quelle démonstration pourrez-vous jamais employer plus évidente que l’axiome qu’elle doit détruire ?il est tout aussi croyable qu’un bon syllogisme est un mensonge, qu’il l’est que la partie est plus grande que le tout.

L’INSPIRÉ

Quelle différence ! Mes preuves sont sans réplique ; elles sont d’un ordre surnaturel.

LE RAISONNEUR

Surnaturel ! Que signifie ce mot ? Je ne l’entends pas.

L’INSPIRÉ

Des changements dans l’ordre de la nature, des prophéties, des miracles, des prodiges de toute espèce.

LE RAISONNEUR

Des prodiges ! des miracles ! je n’ai jamais rien vu de tout cela.