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Nous examinerons enfin l’espèce de remèdes qu’on a cherchés à ces inconvénients par les ligues & confédérations, qui, laissant chaque Etat son maître au dedans, l’arment au dehors contre tout agresseur injuste. Nous rechercherons comment on peut établir une bonne association fédérative, ce qui peut la rendre durable, & jusqu’à quel point on peut étendre le droit de la confédération sans nuire à celui de la souveraineté.

L’abbé de Saint-Pierre avoit proposé une association de tous les Etats de l’Europe pour maintenir entre eux une paix perpétuelle. Cette association étoit-ce praticable ? &, supposant qu’elle eût été établie, étoit-il à présumer qu’elle eût duré ?*

[* Depuis que j’écrivais ceci, les raisons pour ont été exposées dans l’extroit de ce projet ; les raisons contre, du moins celles qui mont para solides, se trouveront dam le recueil de mes écrits, à la suite de ce même extrait.] Ces recherches nous mènent directement à toutes les questions de droit public qui peuvent achever d’éclaircir celles du droit politique.

Enfin nous poserons les vrais principes du droit de la guerre, & nous examinerons pourquoi Grotius & les autres n’en ont donné que de faux.

Je ne serois pas étonné qu’au milieu de tous nos raisonnements, mon jeune homme, qui a du bon sens, me dît en m’interrompant : On diroit que nous bâtissons notre édifice avec du bois, & non pas avec des hommes, tant nous alignons exactement chaque pièce à la règle ! Il est vrai, mon ami ; mais songez que le droit ne se plie point aux passions des