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environs, il suit son histoire naturelle ; il observe, il examine les terres, leurs productions, leur culture ; il compare les travaux qu’il voit à ceux qu’il connaît ; il cherche les raisons des différences : quand il juge d’autres méthodes préférables à celles du lieu, il les donne aux cultivateurs ; s’il propose une meilleure forme de charrue, il en fait faire sur ses dessins : s’il trouve une carrière de marne, il leur en apprend l’usage inconnu dans le pays ; souvent il met lui-même la main à l’œuvre ; ils sont tout étonnés de lui voir manier leurs outils plus aisément qu’ils ne font eux-mêmes, tracer des sillons plus profonds & plus droits que les leurs, semer avec plus d’égalité, diriger des ados avec plus d’intelligence. Ils ne se moquent pas de lui comme d’un beau diseur d’agriculture : ils voient qu’il la sait en effet. En un mot, il étend son zèle & ses soins à tout ce qui est d’utilité première & générale ; même il ne s’y borne pas : il visite les maisons des paysans, s’informe de leur état, de leurs familles, du nombre de leurs enfants, de la quantité de leurs terres, de la nature du produit, de leurs débouchés, de leurs facultés, de leurs charges, de leurs dettes, etc. Il donne peu d’argent, sachant que, pour l’ordinaire, il est mal employé, mais il en dirige l’emploi lui-même, & le leur rend utile malgré qu’ils en aient. Il leur fournit des ouvriers, et souvent leur paye leurs propres journées pour les travaux dont ils ont besoin. À l’un il fait relever ou couvrir sa chaumière à demi-tombée ; à l’autre il fait défricher sa terre abandonnée faute de moyens ; à l’autre il fournit une vache, un cheval, du bétail de toute espèce à la place de celui qu’il a