de toute espèce sont contre soi. Celui qui nourrit sa vanité des préférences de la fortune les peut chercher dans des objets beaucoup plus piquants, & ces préférences ne se marquent pas moins dans le plus petit jeu que dans le plus grand. Le goût du jeu, fruit de l’avarice & de l’ennui, ne prend que dans un esprit & dans un cœur vides ; & il me semble que j’aurois assez de sentiment & de connaissances pour me passer d’un tel supplément. On voit rarement les penseurs se plaire beaucoup au jeu, qui suspend cette habitude, ou a tourne sur d’arides combinaisons ; aussi l’un des biens, & peut-être le seul qu’ait produit le goût des sciences, est d’amortir un peu cette passion sordide ; on aimera mieux s’exercer à prouver l’utilité du jeu que de s’y livrer. Moi, je le combattrais parmi les joueurs, & j’aurois plus de plaisir à me moquer d’eux en les voyant perdre, qu’à leur gagner leur argent.
Je serois le même dans ma vie privée & dans le commerce du monde. je voudrais que ma fortune mit partout de l’aisance, & ne fît jamais sentir d’inégalité. Le clinquant de la parure est incommode à mille égards. Pour garder parmi les hommes toute la liberté possible, je voudrois être mis de manière que dans tous les rangs je parusse à ma place, & qu’on ne me distinguât dans aucun ; que, sans affectation, sans changement sur ma personne, je fusse peuple à la guinguette et bonne compagnie au Palais-Royal. Par là plus maître de ma conduite, je mettrais toujours à ma portée les plaisirs de tous les états. Il y a, dit-on, des femmes qui ferment leur porte aux manchettes brodées, &