Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t5.djvu/111

Cette page n’a pas encore été corrigée

salutaires qui prescrivent dans chaque pays une manière uniforme d’honorer Dieu par un culte public, & qui peuvent toutes avoir leurs raisons dans le climat, dans le gouvernement, dans le génie du peuple, ou dans quelqu’autre cause locale qui rend l’une préférable à l’autre, selon les tems & les lieux. Je les crois toutes bonnes quand on y sert Dieu convenablement. Le culte essentiel est celui du cœur. Dieu n’en rejette point l’hommage, quand il est sincère, sous quelque forme qu’il lui soit offert. Appellé dans celle que je professe au, service de l’église, j’y remplis, avec toute l’exactitude possible les soins qui me sont prescrits, & ma conscience me reprocheroit d’y manquer volontairement en quelque point. Après un long interdit, vous savez que j’obtins, par le crédit de M. de Mellarède, la permission de reprendre mes fonctions pour m’aider à vivre. Autrefois je disois la messe avec la légèreté qu’on met à la longue aux choses les plus graves quand on les fait trop souvent. Depuis mes nouveaux principes, je la célèbre avec plus de vénération : je me pénètre de la majesté de l’être suprême, de sa présence, de l’insuffisance de l’esprit humain qui conçoit si ce qui se rapporte à son Auteur. En songeant que je lui porte les vœux du peuple sous une forme prescrite, je suis avec soin tous les Rites ; je récite attentivement : je m’applique à n’omettre jamais ni le moindre mot, ni la moindre cérémonie ; quand j’approche du moment de la consécration, je me recueille pour la faire avec toutes les dispositions qu’exige l’église & la grandeur du sacrement ; je tâche d’anéantir ma raison devant la suprême Intelligence ; je me dis, qui es-tu, pour mesurer la Puissance infinie ? Je