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Il faut, dans le secours qu’on leur donne, se borner uniquement à l’utile réel, sans rien accorder à la fantaisie ou au désir sans raison ; car la fantaisie ne les tourmentera point quand on ne l’aura pas fait naître, attendu qu’elle n’est as de la nature. Troisième maxime.

Il faut étudier avec soin leur langage & leurs signes, afin que, dans un âge où ils ne savent point dissimuler, on distingue dans leurs désirs ce qui vient immédiatement de la nature & ce qui vient de l’opinion. Quatrième maxime.

L’esprit de ces règles est d’accorder aux enfans plus de liberté véritable & moins d’empire, de leur laisser plus faire par eux-mêmes & moins exiger d’autrui. Ainsi s’accoutumant de bonne heure à borner leurs désirs à leurs forces, ils sentiront peu la privation de ce qui ne sera pas en leur pouvoir.

Voilà donc une raison nouvelle & très importante pour laisser les corps & les membres des enfans absolument libres avec la seule précaution de les éloigner du danger des chutes, & d’écarter de leurs mains tout ce qui peut les blesse.

Infailliblement un enfant dont le corps & les bras sont libres pleurera moins qu’un enfant embandé dans un maillot. Celui qui ne connoit que les besoins physiques ne pleure que quand il souffre, & c’est un très grand avantage ; car alors on soit à point nommé quand il a besoin de secours, & l’on ne doit pas tarder un moment à le lui donner, s’il est possible. Mais si vous ne pouvez le soulager, restez tranquille, sans le flatter pour l’apaiser ; vos caresses ne