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ressentiment, de la fureur, de cet âge, étoient dans ses accents. Je craignis qu’il n’expirât dans cette agitation. Quand j’aurois doute que le sentiment du juste & de l’injuste fût inné dans le cœur de l’homme, cet exemple seul m’auroit convaincu. Je suis sûr qu’un tison ardent tombé par hasard sur la main de cet enfant lui eût été moins sensible que ce coup assez léger, mais donné dans l’intention manifeste de l’offenser.

Cette disposition des enfans à l’emportement, au dépit, a la colère, demande des ménagements excessifs. Boerhaave pense que leurs la maladies sont pour plupart de la classe des convulsives, parce que la tête étant proportionnellement plus grosse & le système des nerfs plus étendu que dans les adultes, le genre nerveux est plus susceptible d’irritation. éloignez d’eux avec le plus grand soin les domestiques qui s agacent, les irritent, les impatientent : ils leur sont cent fois plus dangereux, plus funestes que les injures de l’air & des saisons. Tant que les enfans ne trouveront de résistance que dans les choses & jamais dans les volontés, ils ne deviendront ni mutins ni colères, & se conserveront mieux en santé. C’est ici une des raisons pourquoi les enfans du peuple, plus libres, plus indépendants, sont généralement moins infirmes, moins délicats, plus robustes que ceux qu’on prétend mieux élever en les contrariant sans cesse ; mais il faut songer toujours qu’il y a bien de la différence entre leur obéir & ne pas les contrarier.

Les premiers pleurs des enfans sont des prières : si on