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propreté ? Si elle est gourmande, intempérante, elle aura bientôt gâté son lait ; si elle est négligente ou emportée, que va devenir à sa merci un pauvre malheureux qui ne peut ni se défendre ni se plaindre ? Jamais en quoi que ce puisse être les méchants ne sont bons à rien de bon.

Le choix de la nourrice importe d’autant plus que son nourrisson ne doit point avoir d’autre gouvernante qu’elle, comme il ne doit point avoir d’autre précepteur que son gouverneur. Cet usage étoit celui des anciens, moins raisonneurs & plus sages que nous. Après avoir nourri des enfans de leur sexe, les nourrices ne les quittoient plus. Voilà pourquoi, dans leurs pièces de théâtre, la plupart des confidentes sont des nourrices. Il est impossible qu’un enfant qui passe successivement par tant de mains différentes soit jamais bien élevé. À chaque changement il fait de secrètes comparaisons qui tendent toujours à diminuer son estime pour ceux qui le gouvernent, & conséquemment leur autorité sur lui. S’il vient une fois à penser qu’il y a de grandes personnes qui n’ont pas plus de raison que des enfants, toute l’autorité de l’âge est perdue & l’éducation manquée. Un enfant ne doit connaître d’autres supérieurs que son pere & sa mère, ou, à leur défaut, sa nourrice & son gouverneur ; encore est-ce déjà trop d’un des deux ; mais ce partage est inévitable ; & tout ce qu’on peut faire pour y remédier est que les personnes des deux sexes qui le gouvernent soient si bien d’accord sur son compte, que les deux ne soient qu’un pour lui.