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à peine jouit-il de la liberté de mouvoir & d’étendre ses membres, qu’on lui donne de nouveaux liens. On l’emmaillote, on le couche la tête fixée & les jambes allongées, les bras pendants à côté du corps ; il est entouré de linges & de bandages de toute espèce, qui ne lui permettent pas de changer de situation. Heureux si on ne l’a pas serré au point de l’empêcher de respirer, & si on a eu la précaution de le coucher sur le côté, afin que les eaux qu’il doit rendre par la bouche puissent tomber d’elles-mêmes ! car il n’auroit pas la liberté de tourner la tête sur le côté pour en faciliter l’écoulement [1] » .

L’enfant nouveau-né a besoin détendre & de mouvoir ses membrés, pour les tirer de l’engourdissement où, rassemblés en un peloton, ils ont resté si longtemps. On les étend, il est vrai, mais on les empêche de se mouvoir ; on assujettit la tête même par des têtières : il semble qu’on a peur qu’il n’ait l’air d’être en vie.

Ainsi l’impulsion des parties internes d’un corps qui tend à l’accroissement trouve un obstacle insurmontable aux mouvements qu’elle lui demande. L’enfant fait continuellement des efforts inutiles qui épuisent ses forces ou retardent leur progrès. Il étoit moins à l’étroit, moins gêné, moins comprimé dans l’amnios il n’est dans ses langes je ne vois pas ce qu’il a gagné naître.

L’inaction, la contrainte où l’on retient les membres

  1. Hist. Nat. Tom. IV. pag. 190. in-12.