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parfaitement inutiles ; chaque cercle que la terre ; l’épaisseur du carton leur d solidité qui les fait prendre pour des masses circulaires réellement existantes ; & quand vous dites à l’enfant que ces cercles sont imaginaires, il ne sait ce qu’il voit, il n’entend plus rien.

Nous ne savons jamais nous mettre à la place des enfants ; nous n’entrons pas dans leurs idées, nous leur prêtons les nôtres ; & suivant toujours nos propres raisonnements, avec des chaînes de vérités nous n’entassons qu’extravagances et qu’erreurs dans leur tête.

On dispute sur le choix de l’analyse ou de la synthèse pour étudier les sciences ; il n’est pas toujours besoin de choisir. Quelquefois on peut résoudre & composer dans les mêmes recherches, & guider l’enfant par la méthode enseignante lorsqu’il croit ne faire qu’analyser. Alors, en employant en même tems l’une & l’autre, elles se serviroient mutuellement de preuves. Partant à la fois des deux points opposés, sans penser faire la même route, il seroit tout surpris de se rencontrer, et cette surprise ne pourroit qu’être fort agréable. Je voudrais, par exemple, prendre la géographie par ces deux termes, & joindre à l’étude des révolutions du globe la mesure de ses parties, a commencer du lieu qu’on habite. Tandis que l’enfant étudie la sphère & se transporte ainsi dans les cieux, ramenez-le à la division de la terre, & montrez-lui d’abord son propre jour.

Ses deux premiers points de géographie seront la ville où il demeure & la maison de campagne de son père, ensuite les lieux intermédiaires, ensuite les rivières du voisinage,