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toujours présents à son esprit, son exécution sera plus nette & son progrès plus rapide. Il n’y a rien de plus bizarre que ce lue les François appellent solfier au naturel ; c’est éloigner les idées de la chose pour en substituer d’étrangères qui ne font qu’égarer. Rien n’est plus naturel que de solfier par transposition, lorsque le mode est transposé. Mais c’en est trop sur la musique : enseignez-la comme vous voudrez, pourvu qu’elle ne soit jamais qu’un amusement.

Nous voilà bien avertis de l’état des corps étrangers par rapport au nôtre, de leur poids, de leur figure, de leur couleur, de leur solidité, de peur grandeur, de leur distance, de leur température, de leur repos, de leur mouvement. Nous sommes instruits de ceux qu’il nous convient d’approcher ou d’éloigner de nous, de la manière dont il faut nous y prendre pour vaincre leur résistance, ou pour leur en opposer une qui nous préserve d’en être offensés, mais ce n’est pas assez ; notre propre corps s’épuise sans cesse, il a besoin d’être sans cesse renouvelé. Quoique nous ayons la faculté d’en changer d’autres en notre propre substance, le choix n’est pas indifférent : tout n’est pas aliment pour l’homme ; & des substances qui peuvent l’être, il y en a de plus ou de moins convenables, selon la constitution de son espèce, selon le climat qu’il habite, selon son tempérament particulier, & selon la manière de vivre que lui prescrit son état.

Nous mourrions affamés ou empoisonnés, s’’il falloit attendre, pour choisir les nourritures qui nous conviennent, que l’expérience nous eût appris à les connaître et à les choisir ; mais la suprême bonté, qui a fait du plaisir de, êtres