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chantant nous ne rendons guère que celles d’autrui. Or, pour les rendre, il faut les lire.

Mais, premièrement, au lieu de les lire on peut les ouÏr, & un chant se rend à l’oreille encore plus qu’à l’œil. De plus, pour bien savoir la musique, il ne suffit pas de la rendre, il la faut composer, & l’un doit s’apprendre avec l’autre, sans quoi l’on ne la sait jamais bien. Exercez votre petit musicien d’abord à faire des phrases bien régulières, bien cadencées ; ensuite à les lier entre elles par une modulation très simple, enfin à marquer leurs différens rapports par une ponctuation correcte ; ce qui se fait par le bon choix des cadences & des repos. Surtout jamais de chant bizarre, jamais de pathétique ni d’expression. Une mélodie toujours chantante & simple, toujours dérivant des cordes essentielles du ton, & toujours indiquant tellement la basse qu’il la sente & l’accompagne sans peine ; car, pour se former la voix & l’oreille, il ne doit jamais chanter qu’au clavecin.

Pour mieux marquer les sons, on les articule en les prononçant ; de là l’usage solfier avec certaines syllabes. Pour distinguer les degrés, il faut donner des noms et à ces degrés & à leurs différens termes fixes ; de là les noms des intervalles, et aussi des lettres de l’alphabet dont on marque les touches du clavier & les notes de la gamme. C & À désignent des sons fixes invariables, toujours rendus par les mêmes touches. Ut & la sont autre chose. Ut est constamment la tonique d’un mode majeur, ou la médiante d’un mode mineur. La est constamment la tonique d’un mode mineur,